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société, médias, TICs, développement durable.

Le mur, support et espace de contestation

Saad Zaghloul, instigateur de la révolution égyptienne de 1919 ayant conduit le pays à l'indépendance en Février 1922 a semé les germes de la contestation dans le cœur des Egyptiens. Une rue porte d'ailleurs le nom de ce leader qui a mis fin au protectorat britannique établi en 1914 sur le pays des pharaons.

La révolution du 25 Janvier 2011 qui a fait chuter le régime de Hosni Moubarak a ouvert une autre phase de l'histoire de l'Egypte. Depuis cette date, le pays n'a pas encore renoué avec la paix et la sécurité au plan interne. Il demeure en proie à des mouvements de contestation et des soulèvements partout dans les villes. Le mouvement du 25 janvier émaillé de grèves, de manifestations, de destruction et d'accrochage avec les forces de l'ordre a permis le transfert du pouvoir à l'armée le 11 février 2011. Encore le mois de février comme en 1919 pour écrire une nouvelle page de l'histoire du pays des pyramides. L'histoire se répète et emporte un régime pour installer un autre règne (l'armée) chargé d'organiser les élections et d'instaurer la démocratie tant voulue et réclamée par le peuple. Les jeunes viennent ainsi de mettre fin à 29 ans, 3 mois et 27 jours de pouvoir sans partage.

Ce fut l'œuvre du Mouvement de la Jeunesse du 6 avril créé et dirigé par de jeunes activistes dont Ahmerd Maher et Israa Abdel Fattah. Le réseau social Facebook a contribué au recrutement, à la mobilisation et au déclenchement de la révolution. Désormais, ces jeunes rejoints par d'autres activistes et mouvements prennent d'assaut la Place Tharir, symbole et lieu de contestation. Malgré les élections remportées par les Frères musulmans avec comme président Mohamed Morsi, la contestation ne faiblit pas.

Dans la foulée des mouvements et soulèvements de rue, un autre mouvement Black Bloc voit le jour. Des jeunes cagoulés s'attaquent aux bâtiments publics, brûlent des pneus sur les voies et coupent les chemins de fer à Alexandrie et au Caire. On assiste à des affrontements sanglants entre ces jeunes et les forces de l'ordre décidés à les combattre.

 

bataille entre la police et Black Bloc

bataille entre la police et Black Bloc

Outres ces mouvements et actes de violence, on remarque une autre forme de résistance, de protestation à travers les murs tout au long de la Corniche à Alexandrie. Les murs environnants sont remplis de graffitis exécutés par des jeunes pour dénoncer la situation du pays. En parcourant la Corniche, l'on peut lire des messages, des signatures, des caricatures et des appels à la résistance des mouvements de protestation. Ces messages sont écrits en Arabe, Anglais et en Français pour traduire la diversité et la cause commune des habitants et activistes alexandrins.

sans commentaire

sans commentaire

Le viol de la liberté d'expression, les intimidations et les violences contre les journalistes offrent un terrain fertile à l'imagination et à la créativité des jeunes. Ils ne veulent plus se taire face à leur quotidien et envoient ainsi des messages au pouvoir en place. Les couleurs les plus utilisées sont le rouge, le noir et le bleu qui frappent même le passant le plus distrait. Ils n’hésitent pas à dessiner des visages humains, des chaînes, des caricatures des personnages publics dans cet art de la rue. Un art qui interpelle et en dit long sur le vécu des jeunes et l'Egypte à travers le temps et l'espace. Ces messages participent à l'histoire des mouvements sociaux et traduisent une volonté et un désir d'expression aussi forts que le cri du peuple.

suite du message (Resistance will continue)

suite du message (Resistance will continue)

Les rues de la Corniche ainsi que celles de certains quartiers sont devenues un espace d'exposition, des podiums de révolte et de publication. Autant d'écrits et d'images qui ajoutent à la beauté des endroits et contribuent à la participation citoyenne à la démocratie. La protestation sur les réseaux sociaux et les médias se complètent ici et offre aux habitants et visiteurs, un spectacle qui nourrit le regard et la pensée. Les actes de violences, d'insécurité, de viol des femmes et de violences sur les hommes des médias sont loin de tuer l'imagination d'une jeunesse en quête de mieux être.

Comme quoi le lit de la misère, de la difficulté est un lit fécond !

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B
Hosni n'était donc pas encore la solution à la crise egyptienne! la politique qui doit prendre en compte les désirs de ces milliers de jeunes qui ne veulent qu'un petit juste un petit mieux etre est loin d'etre une réalité sinon comment comprendre qu'avec l'arrivée des frères musulmans les réalités sont restées les memes comme s'il n'y avait jamais eu de changement!
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F
Merci